dimanche 31 décembre 2017

Des records dans le record.

Sans qu’ils en soient un but, le mouvement, l’action, l’accumulation, l’exposition, la sauvegarde, la configuration, le ramassage, le taxi folie….font partie prenante de cette avance notoire que l’on peut appelé record. Avec un premier arbitraire lors de l’obtention du record mondial Guinness au sujet du nombre d’objets récoltés sur les plages, le chiffre avait été multiplié par cent par l’action non stop sur le terrain du nettoyage et plusieurs autres «performances » ont été accomplies. 1- Ramassage de 1.645.000 objets divers des plages dont 550.000 sont encore disponible dans l’espace de la mémoire de la mer et de l’homme. 2- 7.520 chaussures et souliers d’émigrés clandestins provenant de la mer. 3- 59 bouteilles à la mer avec des messages divers allant du SOS à la menace de suicide. 4- 10.000 photos numériques au sujet de la mémoire de la mer et de l’homme. 5- 4.500 photos sur papier au sujet des configurations au début de l’action. 6- 3.740 sorties en voiture pour plus que vingt kilomètres pour le nettoyage de la mer ou le constat du patrimoine. 7- 14.960 km de marche dur «hart-training » au long du littoral du sud-est. 8- 4 voitures amorties effectivement par l’oxydation de l’air marin. 9- 185 assemblages et recyclages artistiques des objets récupérés. 10- 410 km linéaires de plages visités périodiquement et nettoyés. 11- 4750 visites totalement gratuites à l’espace éco artistique mémoire de la mer et de l’homme. 12- 14 assemblages artistiques géants pour la sensibilisation et la persuasion, soit, à la baie des esclaves à Souihel, Alouane Est et Ouest, Makhadha Est et Ouest, Lemsa (Birds only) pour défendre un lieu sauvage et le garder pour la vie animale, El Kantara nord sud et ouest, Guarguabia nord sud et ouest, Route Bengardane Médenine, Sebkha Touila… dont la plupart étaient au bord des routes pour travailler les esprits et leur donner des couleurs. 13- 232 sites historiques constatés, répertoriés et décrits dans le sud-est Tunisien. 14- 2355 textes et brouillon de textes et poèmes, en arabe et en français, dont un seul livre avait publié. 15- 2742 livres divers en Arabe, Français, Anglais et Allemand. 16- 76 procès verbaux et amendes d’excès de vitesse arbitraires commandités par la dictature et sa mainmise. 17- 6 demandes d’associations, écologique, SOS suicides, syndicat d’initiative…avaient été refusé. Avec le fait qu’étant membre de l’association de bienfaisance locale et favorable à l’aide alimentaire aux familles nécessiteuses des extrémistes islamiques d’alors, un renvoi automatique avait eu lieu suite à cette prise de position humaine et basique. 18- 6 associations dans lesquelles il est membre actif tout en assurant la présidence de l’association des amis du livre Zarzis et ce juste après la révolution. 19- 30 procès verbaux administratifs pour insubordination. 20- 9 grades raflés dans l’administration par les concours car entré en tant qu’ouvrier la retraite était au niveau d’inspecteur en chef. 21- 10 sit-in et autant de pétitions sur des questions de justice et de solidarité humaine. 22- 1210 écrits contestataires dans un fameux blog écologique Marocain dont un glissement fâcheux et excessif avait été exprimé contre la royauté. 23- 2550 écrits contestataires dans Zarzis info. 24- 3010 écrits contestataires sur le blog « mémoire de la terre ». 25- 425.000 partages de textes et photos éco artistiques et humains sur le net à travers les emails. 26- 210 écrits contestataires sur un blog de Kairouan. 27- 175 écrits contestataires sur un blog Marhba. 28- 50 écrits divers en Anglais, sur un blog café.org aux USA. 29- 260 interventions à la radio régionale au sujet de l’environnement et l’humanité, avaient été interrompus quand j’avais refusé de mentionné le président et faire son apologie. Paradoxalement, cette attitude avait continué même après la révolution. 30- 416 articles narratifs en arable publiés hebdomadairement au journal régional. 31- 120 articles à la gazette du sud de Sfax. 32- 120 articles à la gazette du sud de Sfax. 33- 6 films documentaires ayant gagné des prix internationaux. 34- 5 blogs thématiques, soit, écologie, art, culture, patrimoine, révolution… Ainsi, voici, un parcours en nombre, dans une initiation au reflexe statistique, qui reste assez modeste dans une vie. Lihidheb Mohsen 31.12.17

mardi 26 décembre 2017

Les chûtes de Zarzis.

Après une longue période de décès familials, de peinture de la voiture et aussi à cause des intempéries et des eaux investissant les terres marécageuses, Boughmiga c’est décidé cette fois à sortir aux endroits carrossables juste après de grandes pluies. Il parvint quand même à la cote et longea le bout de plage, jonchée, d’objets divers rejetés par les vagues de la dernière tempête. Bien sur, comme à chaque fois, il était choqué et révolté par les restes des naufragés de l’émigration clandestine par mer et constatait amèrement l’ampleur du drame. En revenant, pour faire l’autre sens de la plage, sur deux kilomètres au moins, il y avait des eaux qui affluaient vers la mer avec un bruit important et des écumes blanches. Des eaux de la dernière série de pluies, s’étaient accumulé et cherchent leur chemin vers la méditerranée. Une grande quantité, que Boughmiga avait trouvée le deuxième jour avec le même débit, sans pouvoir la traverser. Laissant cette direction pour quand les eaux s’assèchent, il alla prospecter un autre endroit, à l’affût des traces des ancêtres communs à touts les humains. Labouré juste dernièrement entre les journées de pluies et malgré le fait qu’il l’avait visité une trentaine de fois sur une période de quinze années, où, il trouva des meules cassées, des broyons divers, du silex, une tête d’armure prestigieuses, des lames aiguisées….Boughmiga espéra toujours trouver encore des objets surtout après les labours, les vents, le passage des moutons et aux reflets du soleil. En effet, cette fois aussi, il put remarquer un beau broyon et la moitié d’une grande meule. De belles trouvailles dans le sens des attentes et de la logique. Ce ne fut qu’en rentrant à la maison qu’il eut l’idée que puisque la meule avait une cassure en deux visiblement récente, alors l’autre moitié reste encore sous le sable, ce qu’il ira chercher à sa première sortie. Suivre les traces de ses pas, ce jour là, ferait l’affaire pour localiser l’endroit dans les terres labourées. Ainsi, on peut dire, que cet endroit, avec un peu de silex, beaucoup de meules, avec presque rien de poterie ancienne, aurait servit les paléo supérieur pendant une courte période pour enfin servir de « home sweet home » à l’homme relativement moderne entre vingt et dix milles ans, juste avant la maîtrise de la poterie. Ainsi, dans son mouvement non stop, Boughmiga, avec les silex pour couper la viande, les lamelles pour écorcher le poisson, les têtes d’armures pour tirer sur les gibiers, les meules pour faire de la farine de grains divers, des broyons pour écraser les fruits et les grains, les écailles d’œufs d’autruches pour la consommation, des coquillages marins désossés…..se demande encore comment ses amis potentiels, ses frères et sœurs….ne l’avaient pas prier « Wallahi, Wallahi » à manger avec eux et partager leurs pitances. La prochaine fois peut être, en allant chercher l’autre moitié de la meule, mais comme en dit chez nous «il vaut mieux attendre qu’espérer ». Lihidheb Mohsen 25.12.17

dimanche 24 décembre 2017

Portraits et sagesse 113

Kemla Briki Briki. Elle vient de partir, la grand-mère de mon père, dirait ses petits fils et petites filles, partit à un âge avancé, laissant une place irremplaçable dans la grande famille. Elle avait bien réussi sa vie, en gérant un foyer et une famille d’une façon parfaite et selon les requis sociaux en vigueur, au point de voir comment le succès de ses enfants et leur éducation étaient confirmé. Avec deux grands instituteurs, une cadre dans la fonction publique, un leader politique et syndical puis ministre, on ne pouvait mieux attendre de Si Kemla, comme disait l’un de ses petits fils. Avec feu Si Belgacem, un élèvement ascendant du niveau social et intellectuel de touts ses relatifs, ne peut que revenir à leur éducation de base et leur discipline. Une personne type, un cas exemplaire et représentatif, de la sagesse et l’humilité de la femme Akkarrienne. Paix à son âme et que Dieu l’accepte dans ses paradis.

mardi 12 décembre 2017

Portraits et sagesse 112

Saïda Gdaiem Briki En vérité, il n y a pas assez de mots pour décrire et contourner la personnalité exceptionnelle de la regrettée Saïda, décédée dernièrement à l’âge de soixante deux ans. Un profil unique, représentatif de la femme Tunisienne de l’après indépendance, loin de la soumission officieuse des femmes et l’alignement sur le patriarcat tribal, pour passer à la maitresse de maison cultivée, intégrée et libre. Femme au foyer, avec niveau scolaire de la terminale, elle parvint brillamment à construire une famille solidaire et idéale. En plus de ses taches directes vis-à-vis de ses enfants et sa belle mère, elle était capable de répondre aux besoins de touts les relatifs et même touts les voisins du cartier. Une prédisposition innée, de bonne gestion des situations et de communication très humaine et sincère, qui serait une habitude chez sa famille initiale. Il parait qu’elle avait grandi à Tunis et ses parents avaient de très bonnes relations avec les gens arrivant du sud au point de ne jamais faillir aux devoirs d’hospitalité et de bienséance. Avec des enfants brillants, elle était aussi une grande référence de bonté et d’amabilité, pour touts les enfants de sa périphérie. Dans ces derniers moments, Saïda, avait beaucoup souffert de sa maladie difficile, trainant en silence ses douleurs, sans la moindre déclaration de peine ou de lamentation. Elle perdit la vie suite à une opération chirurgicale compliquée et laissa un grand vide dans le paysage humain et dans les esprits de touts ceux qui la connurent. De mes yeux, j’ai vu des enfants pleurer son absence, d’autres l’appelaient dés leur arrivée à sa maison et encore bien de vieux malades et de souffrants, l’appelaient au secours et au réconfort moral, dans leurs moments de difficultés et dans leurs sommeils. Saïda avait la Baraka dans les mains, au point de la voir satisfaire de nombreux enfants juste par une bouteille de boissons gazeuse ou alimenter une trentaine de personne quotidiennement par des mets ordinaires et insuffisants. Une Dame, qui pourrait être de la femme idéale, la femme au foyer exemplaire et la mère parfaite joignant la modernité et l’intégration, le devoir et la liberté, l’activité et la sagesse. Bravo Saïda Gdaiem Briki, pour la réussite de ton parcours de vie, pour touts ce que tu avais donné aux autres…paix à ton âme, Allah Yarhmek. Lihidheb Mohsen 12.12.17

lundi 11 décembre 2017

La chute collective

On était au régime réduit depuis le protectorat, puis enclin à serrer les ceintures pendant le régime paternaliste de Bourguiba, pour se trouver aux débuts du système Benaliste, dans les bras du consumérisme et du comportemental malin. A chacun ses références, ses arguments et ses alliances conceptuelles et économiques, l’ouverture sporadique sur la Lybie, avait aussi contribué au boom consumériste et à la démesure générale. En effet, habitués à la juste mesure, « khamsin wesdiss tey» « rtall batata » « ouchouria zit » « khamsin gram tmatem merhi » «khmoussia guez » « tabaa fil » soit cinquante grammes de sucre et cinq de thé, une livre de pommes de terre, dix centilitres d’huile, cinquante grammes de tomates en conserve, vingt centilitres de pétrole pour la lampe du soir, un cachet avec l’emblème éléphant contre les maux de têtes et malaises divers en remplacement de touts les médecins et les pharmacies du monde…étaient les seuls produits disponibles dans les échoppes et les seuls que les villageois demandaient quotidiennement s’ils le pouvaient. Une auto régulation des besoins en fonction des possibilités et de la sagesse locale, qui se trouva brutalement bousculé par les masses de marchandises provenant de la Lybie voisine, un pays nanti, habitué à l’opulence et la consommation quantitative. Une situation qui amena le paysan local à se familiariser avec les sortes de fromages, qu’il n’avait jamais gouté, avec les oranges volumineuses en sacs de cinq kilogrammes, avec le lait en conserve à gogo, avec des produits de Chine, de Taiwan, de Hongkong, de la Turquie, de l’Amérique latine….dont les composants n’étaient pas forcément propres à la consommation et concurrençaient mortellement les productions locales. Boughmiga se rappelle encore quand le lait en cône arriva dans la boutique et pendant qu’il en consommait une le premier passant lui demanda s’il était malade ou bien qu’il était encore un bébé pour consommer du lait. Et depuis cette date des années soixante dix, arrivèrent les divers yaourts, les légumes hors saisons, les sucreries, les biscuits, les fruits exotiques, les œufs industriels, les pâtes, les produits emballés, le gaz butane……pour finir avec la catastrophe inimaginable de l’eau en bouteille. Paradoxalement, à force que le consumérisme augmentait le niveau scolaire dégringolait, à force que l’émigration augmentait vers l’Europe des lumières les esprits s’enquilosaient des segments utilitaires médiocres, à force que le temps passait et le pays avançait les horizons se rétrécissaient et les rêves s’embrouillaient. Dans ce climat de flottaison à l’aveuglette et de pilotage à vue quelques fois, la chute collective fut consommer aussi, surtout quand les décideurs politiques se limitaient à gérer les compromis et nager sur les contradictions au lieu de défricher des solutions sérieuses aux problèmes. Malgré le fait que l’instrumentalisation des compromis eut lieu depuis l’indépendance et même avant, elle fut compléter au temps de Ben Ali, par l’arrivisme institutionnalisé et l’ambiance où le plus malin s’en sortirait avant les autres. Un climat qui glorifia les profiteurs et les « fils de nabba » et ce même dans les médias et les sphères officielles. Bien sur, dans cette ligne de conduite, tout ce qui était patriote, humaniste, égalitaire, démocrate, intellectuel, intelligible, conséquent, travailleur….était automatiquement mis au frigo ou dans les archives comme le fut Boughmiga à plusieurs reprises et de plusieurs façons. Un état d’esprit, forgé par le facteur politique, par mégarde ou intentionnellement, reste encore prédominant dans le comportemental collectif, où, le travailleur ne travaille pas, les riches ne se risquent pas, les jeunes s’immolent sur terre et sur mer, les corporations se referment de plus en plus sur elles même et se radicalisent envers tout le monde, l’Etat s’évapore visiblement devant la passivité criminelle du législatif…..et le pessimisme est presque général. Dans cette situation où sont arrivés les choses et tout en partant du fait que le droit des Palestiniens à l’autodétermination est inaliénable et que ce soutien de bon sens et d’humanité ne peut être l’otage exclusif de certains politiques, on ne peut que se demander sur les disproportions populistes envers certains sujets aux dépends d’autres aussi douloureux et inhumains, pendant que les foyers de préoccupation et de désarroi jonchent l’espace vital collectif. Devant les guerres, les famines, les maladies, les machinations guerrières, l’instrumentalisation des conflits, la manipulation des troupeaux humains au gré de l’ennemi et en fonction de leur tempérament coléreux, expansif et généralement temporel…on ne peut que rappeler que relativiser les « happenings » pour une revendication plus efficace et plus sérieuse. On ne peut oublier les manifestations géantes qui, malheureusement se tassent vite et négligent piteusement leurs slogans et leurs revendications, dans le gouffre de l’oubli collectif. Ainsi, soit-il, El Qods, ne peut que rester un symbole pluri religieux et la capitale politique du peuple Palestinien, tout en appelant à plus de lucidité et crédibilité afin de revendiquer ces droits inaliénables. Une solidarité qui ne pourrait réussir que par l’engagement des travailleurs dans leurs travaux, la lucidité des politiques dans leurs approches et la libération des peuples de leurs fixations traditionnelles. Ces révisions, ne sont pas des appels à l’acceptation du fait accompli, mais plutôt une actualisation des revendications sur les bases de la conjoncture et des rapports de force. Bien sur, certains politiques trouveraient bien des occasions pour défendre leur stérilité et afficher leur allégeance, mais, comme à travers toute l’histoire, les idées insolites, étaient toujours mal comprises. Voilà, un petit aperçu de la chute collective, à travers quelques segments certes, mais assez explicites pour réveiller les morts, en attendant l’ouverture des yeux des vivants. Vive le peuple Palestinien, vive le peuple Yéménite, vive le peuple Libyen…..et vive l’homme, dans toutes ces couleurs, toutes ses valeurs….pacifiques et amicales entre les peuples. Lihidheb Mohsen Zarzis 11.12.17

lundi 20 novembre 2017

Portraits et sagesse 111

Ali Mareghni Un homme au vrai sens du terme, remplissant ses dimensions et sincère jusqu’au bout de la crédibilité humaine. Collègue de travail pendant une vingtaine d’années, Ali, était toujours à la hauteur de ses devoirs professionnels et de la maitrise incontestable de ses relations avec les autres. Dans ce contexte, dans les années de braise, quand tout le monde « stalkait » Boughmiga, en le surveillant nuit et jour pour le piéger par une faute ou même quelque chose qui lui ressemblerait et cadrerait avec la mise au pilori, Ali Mareghni, était le témoin oculaire d’une machination bien orchestrée pour déconstruire le mythe des résistances de Boughmiga. Sans entrer dans les détails, Ali, se contenta de témoigner honnêtement, selon les faits, ce qui ne plut guère aux responsables d’alors ni même aux autorités commanditaires et sponsors de cette période. Il faut dire, que personne, ne pouvait rester debout, sans une affiliation confirmé par la pratique dans les rangs du parti au pouvoir et Boughmiga, était l’ennemi numéro un de la région et tout les coups étaient permis à son encontre. Ainsi la machination saboté par le témoignage juste de Si Ali, il faut reconnaitre, que ce geste de bravoure lui avait couté très cher sans s’en démordre le moins du monde. En effet, catalogué, il fut mis à l’ombre, dans le frigo, comme on dit, et resta pendant une vingtaine d’années sans le moindre échelon, ni le moindre avancement, ni une petite reconnaissance à la quantité de travail qu’il fournissait. Une punition, tacite, fulgurante, sournoise, mais foudroyante de la part de l’administration du pouvoir. N’en ayant pas parlé avec Si Ali, je pensais qu’il n’était pas convenable de parler justice aux justes et parler honnêteté avec les gens bien. Toutefois, à cette occasion, cette distance de retraite….je ne peux que remercier Ali Mareghni infiniment, pour ce qu’il était, sur les plans du travail et de l’homme. D’un autre coté, sa compagne, Leila Khalifa, collègue de travail aussi, sachant notre susceptibilité vis-à-vis de tout ce qui était officiel, officieux et mécanique….avait organisé un grand déjeuner d’adieu aux retraités, dans un élan de solidarité, d’amitié sincère et d’engagement populaire merveilleux. C’était une manifestation très réussi, qui avait donné la joie à tout le monde et redonna justice à tous ceux qui travaillèrent de toutes leurs forces pour le bien commun. Honneur et gratitude, à Monsieur et Madame Mareghni. Lihidheb Mohsen 20.11.17

mardi 31 octobre 2017

Drôles de boules à l'école.

Sur ce que fut l’école, la boule roule, quelques fois vers l’avant, d’autres fois en tournant à l’arrière, quelques fois en piquée, souvent en percutant, tant de fois à l’apnée, nez à nez avec le témoin…..pour s’en éloigner, éloigner….irrémédiablement. Ali, Salah, Fatah, Nouri, Tahar, Ahmed….lançaient à tout de rôle leurs boules à qui mieux, arriver à coté du but ou le percuter pour changer la donne. Sur la cour de l’ancienne école primaire, la foule s’animait avec des spectateurs stupéfaits devant ce nouveau jeu insolite et inconnu dans le village. Des élèves qui attendaient le bus de la navette faisaient aussi cohue et voulaient jouer pourquoi pas. Ils ont toutes les libertés possibles et imaginables et toutes les possibilités du savoir, à la portée de la main, de plein droit et la tête haute. Une situation, que nous n’avions pas, nous autres, élèves d’autrefois, de cette même école primaire délabrée, quand nous n’avions d’horizon, que le père de famille, l’instituteur, Dieu le grand et un futur qu’il fallait conquérir par l’éduction et le savoir, pour sortir de la pauvreté et les conditions humaines difficiles. Ce que les jeunes d’aujourd’hui ne vivent pas, rares étaient les moyens de connaissances et on ne tombait que rarement sur des livres ou des personnes capables de nous guider et renseigner. Sous le dictat patriarcal, l’intransigeance de l’école coranique, la possession de l’école, les bottes de la garde nationale, l’unanimisme de la société, la xénophobie des gens de la cité….on n’avait que le choix de se taire, subir et réussir. Marche ou crève, dirait on, dans le silence et le sourire de façade. Ces mêmes générations, qui ne regardent en train de jouer sur notre mémoire, de rouler le temps sur notre passé, de piquer sur les iniquités d’autre fois, de bousculer les fixations handicapantes…ne savent peut être pas, qu’à leur tour, ils subiront le même paradoxe et la même contrariété. Car, pendant que notre horizon était plein d’espoir, par le savoir et la réussite normale, celui d’aujourd’hui, est très incertain et la plupart escomptent émigrer ailleurs ou s’enrichir par touts les moyens et faire le coq dans la bassecour. Voila, l’école d’autrefois, désertée, vidée de sa consistance, avec un jeune palmier sauvage juste au centre de sa cour, comme pour répondre à l’adage « Takhla wtanbett fiha nakhla », qu’elle dégringole et un palmier monte dans son milieu. Bien sur, l’exemple reste pour la mentalité d’autrefois, quand l’approche écologique était absente et le palmier n’avait pas la valeur et le respect d’aujourd’hui. Ainsi, des concentrés en boules, roulent devant les yeux hagards des jeunes, redonnant un semblant de vie à cette école morte et son esprit de combat pour le devenir et la survie collective. Même si on pense que les boules ne sont pas des bombes à retardement, que les enfants ne sont pas de la chair à canon et l’esprit collectif ne tend pas vers la violence et la mentalité guerrière, on ne peut que pleurer, l’école de notre jeunesse avec son esprit batailleur et paisible. De petites écolières sortant de l’école, s’arrêtèrent pour voir ce spectacle étrange de vieils hommes en train de jouer comme des enfants et voulurent participer à la partie. Elles avaient beaucoup applaudis les piqués crépitant des boules…..de concentré….de vie……perdue. Lihidheb Mohsen Zarzis 31.10.17

Portraits et sagesse 110

Habib Jahouach, de la famille de Aissa, une tribu des Lihidheb pastorale et quelques fois transhumante avant de devenir paysanne dans les oasis maritimes de Souihel, de Chammak et de Hassi jerbi. C’est à l’honneur de Si El Habib, que l’on parle de ses valeureux ancêtres, connus par leur endurance au travail, leur courage et leur force physique légendaire. C’était un oncle qui se battait contre une autre tribu avec un tronc d’arbre comme arme imbattable et transportait des « Khabia » très grandes jarres pleines d’eau pour irriguer les oliviers derrière la colline. Un autre oncle surpuissant, mangeait les poissons crus avec leurs écailles et partageait avec les chameaux leur bouffe, soit de l’orge et des noyaux de dattes cassés. Bien sur, ces qualités physiques, ne valaient rien sans le comportemental juste et la convivialité régulière avec tout le monde. Habib, n’avait pas ces qualités physiques, car de taille moyenne et ne manquait pas de jouir d’autres qualités aussi importantes. D’une famille modeste mais devenue relativement aisée par le travail de la terre et le traitement des dattiers, avec quelques moutons et comme il se doit, une charrette trainée par un mulet, des sorties périodiques pour la moisson à la Choucha ou El Wahmia et des oliviers plus que suffisantes pour assurer la consommation de l’année et de vendre le petit surplus d’huile d’olive. Moi, Boughmiga, voisin et cousin de Si El Habib, nous jouions depuis l’enfance entre les silos d’orge et de blé enfouis dans la terre après les avoir couvert de foin pour les préserver de l’humidité, nous allions paitre avec nos moutons sur la colline voisine, en grignotons, nous aussi les herbes comestibles et juteuses, nous faisions de l’escrime ou des compétitions de sauts pour chanter à la fin, à haute fois en mettant les mains sur la bouche et l’autre sur l’oreilles pour laisser un passage à l’amplification de la voix. Toutefois, malgré l’adresse de Boughmiga et sa perspicacité, Habib avait des avantages incroyables dans l’art et la connaissance des choses en général, au point de le voir transformer le tige d’une palme en un bateau multicolore, avec son mât, sa voile, son gouvernail et ses couleurs, pour le mettre ensuite de le ruisseau de l’irrigation artésienne et courir après en criant de joie. On se querellait aussi sur la santé de nos moutons respectifs, la bordure de nos terres mitoyennes ou on se disputait les maigres collations de zoumita, de dattes sèches, de figues sèches, qu’on mettait dans nos poches à l’intérieur de nos blouses rondes. Bien sur, avec le temps, notre sortie vers la mer, était foudroyante et libératrice car les jeux devenaient plus sérieux les bateaux devenaient plus grands. Boughmiga se rappelle bien quand on nous annonça l’entrée à l’école et stupéfaits, on devait mettre des chaussures fraichement achetées et avoir une ardoise et de la craie. Pour l’écriture avec les plumes, malgré nos six ans, on ne savait même pas comment ternir cet engin mystérieux. Toutefois, parait il, il n y a plus de la « falga » correction sur les plantes des pieds dans l’école coranique de la mosquée, mais c’était faux car elle était encore présente avec moins de fréquence. Comme l’obéissance était de rigueur dans les écoles de l’esprit religieux, elle l’était aussi monstrueuse dans les institutions de formation et de formatage collectif. Heureusement, qu’il y avait l’oasis et surtout la mer, pour se libérer de ses dictatures sociales et impardonnables. Avec l’arrivée du tourisme, Habib, avait son cheval, ses longs cheveux et sa force de jeunesse en plus de sa gaieté naturelle. Un tableau chevaleresque, effective, intégrée, qu’Alexandre le grand et les chevaliers Tatars envieraient certainement. Pendant que Boughmiga s’enfonça stoïquement dans les internats des écoles, Habib, s’en alla vers le nord, à la conquête du monde où il passa quelques années en France. Logiquement, vue sa carrière authentique et locale, il ne pouvait se détacher pour longtemps de ses origines et revint après quelques années au village où il fit consécutivement, le chauffeur, le conducteur de tracteurs pour des travaux agricoles, le forgeron, le chauffeur de taxi…et quelques fois à titre gratuit, le muezzin du village. Un périple de vie, qui permit à Habib, de devenir l’ami de tout le monde, avec une connaissance profonde de toutes les régions, de tout le monde, de toutes les parcelles d’oliviers, de toutes les maisons, de toutes les attaches relationnelles entre les familles, de toutes les rues, de toutes les particularités de chaque personne et chaque famille, au point de voir certains le proposer pour devenir « Omda » chef secteur officiel, ce qui était en contradiction avec ses valeurs humaines et justes. Pendant qu’il faisait le chauffeur de taxi, il lui arrivait de prendre les vieilles personnes à leur destination sans prendre le sou avec des souhaits de bonne santé et de longue vie. Avec la gaité et la joie de vivre, une parle facile et torrentielle, un caractère foncièrement amical et une activité constante, Habib était aussi un très bon croyant qui garda la religion humaniste de nos ancêtres au point de le voir dans les occasions théologiques. Dans ce contexte, il était très célèbre dans tout Zarzis, pour avoir gardé la tradition de chanter les cantiques religieux le soir des décès dans un climat de compassion et de convivialité merveilleux. Souvent, il était quémandé pour participer à une veillée à Chammakh, Hassi Jerbi, Ogla ou El Mouensa. Bien sur, des courants nouveaux, voulaient déconstruire cette belle tradtion religieuse locale et Habib, ne fait que résister jusqu’au bout, pour satisfaire ses convictions et répondre à la mémoire de nos valeureux ancêtres. Que Habib, reste Habib, ami bien aimé et que Dieu lui assure une longue vie et une bonne santé. Lihidheb Mohsen Zarzis 31.10.17

lundi 30 octobre 2017

SOS Save Our Souls.

Un appel au secours, un cri de détresse, une urgence humanitaire, une situation arbitraire…, désormais, sont une constante dans la vie de touts les jours dans cette région du globe. Les revendications des sans emplois, la ruée des émigrés clandestins, les grèves des instits, les revendications corporatistes, la haine des pauvres, l’insouciance des riches, l’inconséquence des capitaux, la faiblesse des structures de l’état, la montée du radicalisme, la mobilisation des corps de métiers en blocs invulnérables et xénophobes, la pollution galopante, la consommation aveugle, l’installation du commerce parallèle, la fragilité des investissements, le pilotage à vue des affaires du pays…..sont des tares quotidiennes, consécutives, simultanées et paradoxalement durables. Il se fait que Boughmiga, en tant que citoyen conséquent et lucide, s’inquiétait de ces problèmes, depuis les dictatures et œuvrait, dans les mesures du possible à brusquer les situations vers un monde meilleur. L’accroissement de l’économie parallèle ou populaire si on veut, était sa préoccupation et avait essayé de convoyer ce secteur vers une normalisation structurelle et un accompagnement compréhensible de la part de la fiscalité du pays. Bien sur, il y avait d’autres problèmes moins importants, jusqu’au jour où advint la colère populaire et atterrirent dans le plat des gens de la gauche et de la droite et aveuglèrent irrémédiablement le paysage du bled. De toutes les difficultés, le problème de la pollution, reste encore, le plus incompréhensible et le plus gratuit, surtout, quand les gens ont le temps et les moyens de nettoyer, ne serait ce leurs propres déchets. On sait comment la consommation est arrivée rapidement dans la région, quelques décennies, pendant qu’il faudrait le double aux gens pour s’habituer à la nouveauté d’avoir des déchets et la nécessité de les gérer. Un exemple explicite de ce manque de la prédisposition de l’esprit collectif, s’était passé quand les clandestins avaient été placé dans un camp social à Lampedusa et après une semaine, les bouteilles de plastique de leur consommation, remplissaient les locaux et jonchaient les toilettes. Pourtant, ils avaient du temps, énormément, nos concitoyens, pour nettoyer leurs propres restes. Sans catastrophisme, ni amertume exagérée, j’écrivais ces préoccupations, durables, quand j’entendis, des cris stridents, des airs de lamentations, des grincements de dents de douleur et de rage….du petit chamelon trainé de force vers le lieu de l’abattage après avoir exhibé sa jeunesse et la tendresse de sa viande, sur la route pour les consommateurs. Plusieurs fois, c’était de petits veaux, d’autres jours c’étaient des chamelons, qui se transforment, chaque matin, en têtes accrochées et pattes ballantes. L’acuité de ces cris et l’immensité de la détresse que ressentent les chameaux pendant leur abattage, sont indescriptibles et ne peuvent que toucher toute personne normale et d’esprit sain. Ainsi, un ami me raconta, comment quand il avait convoyé un oncle plusieurs fois vers l’hôpital de Tunis, le vieil homme mourant, avait formulé un grand regret pour les bêtes qu’il avait tué pour les bouchers de chameaux du village. Une opération, qui reste difficile pour tout le monde. Dans cette situation totalement négative de vache dans un marécage, Boughmiga, malgré ses appels effectifs depuis des décennies pour le respect de la nature, la propreté de la mer, le respect des animaux, les énergies alternatives, la consommation locale et le développement durable, reste toujours sur son principe, qui aurait été un tremplin agréablement durable pour la révolution et aurait pu résoudre tout les problèmes des temps modernes. D’ailleurs, même si on est devenu champions dans le ratage avec les rendez-vous de l’histoire et le passage à coté des occasions uniques, l’approche écologique, reste valable pour sortir de cette impasse et répondre à cet appel global aux secours. Lihidheb Mohsen Zarzis 30.10.17

jeudi 5 octobre 2017

Birmil oktouber

Littéralement en arabe, le tonneau d’octobre, ou le premier octobre aux phonéticiens francophones, un mois des liquides stratégiques, l’eau, l’huile d’olive, sans le vin qui n’existe pas en réalité dans notre économie ou notre culture, une date qui reflète un rendez vous ultime. Celui qui possédait une citerne d’eau de pluie, celui qui avait des terrains pour recueillir cette offrande du ciel et en cueillir les dividendes…avait certainement l’avantage aux richesses locales produites de la terre et des oliviers. Ce rendez vous périodique, qui réglait les années, en année de la famine, année des sauterelles, année du fenugrec, année des grenouilles, année du gareb, année de la grêle, année des inondations, année du guerciss « exercices », année des allemands, année des Inglizz, année de la peste, année de l’exode, année de la pluie d’argile…, une périodicité phénoménale ponctuée par la mémoire collective afin de se situer dans l’espace et dans le temps. Plusieurs paramètres étaient déjà établis et confirmés par l’interprétation religieuse, dans laquelle la nébuleuse sociale nage bien, voltige et se maintien au dessus des déséquilibres sporadiques, ce qui permettrait aussi la légitimation des « happenings » locaux car des tempêtes de grenouilles ou pluies d’argile ne se seraient pas passés au pays des apôtres, pendant que dans chaque région, les hommes avaient besoin de mesurer, quantifier, évoluer leur propre parcours de vie et leur propre champ de vision et d’action. Dans ce nuage social de flottaison interactive en pleine fusion avec la croyance et en totale communication avec les éléments de la vie et les possibilités de survivance, il y a toujours des incursions salutaires au début, mais qui avaient aussi bousculé outrageusement la réalité. A Souihel, comme dans tant d’autres régions du littoral, le tourisme bourgeonna lentement, créant un grand essor économique et un boom de services et d’affairismes. La jungle opaque de palmiers dattiers avait été acheté pour trois fois rien, les puits artésiens irriguant les carrés de sorgho avaient été fermé ou détourné vers les piscines thermales des touristes, les rares puits de surface à l’eau comestible avaient été réquisitionnés pour la construction des hôtels puis carrément ensevelis sous le gravât, les ouvriers lâchèrent leurs faucilles, les marins négligèrent leurs rames, les bergers mirent des vestes….pour servir désormais, tous ensemble, sur leur propre terre, de valets de chambres et de sou fifres à l’ordre mercantile nouveau. Bien sur, ce raz de marée n’épargna rien ni personne afin d’assujettir la paysage humain et même géographique. Alors Abdallah dirigea son chameau vers la plage au lieu d’aller chercher des fourrages à la Choucha, Belgacem descendit du palmier pour jeter sa scie et aller postuler au gardiennage de l’hôtel, Khalifa pris son cheval pour louer sa monture aux touristes sur la plage, le jeune Ali y alla au galop avec son âne trottiner entre les parasols épars. Parmi tout ce monde, certains avaient désormais des salaires modestes, d’autres racolèrent des touristes pour vendre des produits artisanaux, quelques uns prirent le chemin de l’étranger, plusieurs devinrent riches et la société se renferma sur elle-même en défendant ses valeurs tout en laissant de petites brèches comportementales compromissoires. Il y a eu de grandes concessions à ce nouvel ordre mercantiliste mettant tout le cartier et tout le monde dans la machine de la mainmise économique et le consumérisme galopant. Des concessions, franchement subies, miroitaient en contrepartie, plusieurs espoirs de liberté, d’affirmation du soi et de bien être collectif. Un rendez vous avec l’histoire qui tarde à venir comme il fut pour l’un des guides de chameau pour touriste, un homme très ordinaire, qui attendait pendant une vingtaine d’année un rendez vous le premier octobre de chaque saison, au point de le voir dire à chaque question, qu’il se mariera Birmil oktouber, ses amis viendront Birmil oktouber, que le monde sera meilleur Birmil oktouber… Une date, une espérance, un mirage qui aussi personnel était il, faisait l’objet d’une attente collective des promesses de cette nouvelle ère de mise au pas moderne et capitaliste. Ainsi, advint le soit disant changement du sept novembre, advint la fameuse révolution de la brouette….et le rendez vous de Birmil oktouber, n’arrive pas encore et les souhaits d’équité, de justice sociale, de bien être collectif, de paix universelle, restent à attendre. De toutes les façons, comme on le dit bien en arabe, celui qui attend, est mieux que celui qui souhaite seulement. Lihidheb Mohsen Zarzis 05.10.17

mercredi 4 octobre 2017

Portraits et sagesse 109

Abderrazzag Essafi, un homme grand, sec, aux yeux bleus, avec la chéchia rouge traditionnelle sur la tête, était certainement connu par tout le monde à Zarzis, de part son travail et de part son rayonnement culturel et social. Encore debout, souriant, joyeux, soutenu par sa canne certes, mais rayonnant d’énergie et de joie de vivre. Ayant travaillé depuis l’indépendance dans en tant que chauffeur poids lourd pour la construction de l’aqueduc vers Zarzis, puis dans les champs pétrolier du Sahara, quelques années en France, pour avoir enfin sa retraite avec la société du transport en conduisant le bus scolaire pendant vingt quatre ans. Une belle carrière, active, diverse, pleine de contact humain, de voyages quotidiens, de travail soigneux et de responsabilité. Pour retrouver sa maison, Boughmiga dû se hasarder entre les maisons et ruelles, se rappelant approximativement l’habitation de Si Razzag. Debout dans la chaleur et cherchant le bout d’ombre pour se protéger du soleil, il remarqua dans une impasse un homme faisant sa prière et ne voyant que le bout de son soulier de son coté droit et un brin du tapis de prière, attendit le mouvement de ses derniers pour aller lui demander l’adresse. En attendant, le bruit de maçon revenant au travail parvint du fond d’une autre impasse et en lui criant fort, signala la demeure de son ami. Avec un très bel olivier, majestueux, bien entretenu, la maison était belle avec bon gout de modestie et de quiétude. Ne sachant comment trouver ce vieil ami, il l’appela doucement pour ne pas déranger une éventuelle sieste et au troisième appel, Razzag sorti avec sa femme appuyé sur sa canne et accompagné d’un accueil sincère. Il m’invita à s’asseoir auprès de lui sur le divan utilisé aussi pour dormir à la belle étoile pendant les grandes chaleurs et commença à remémorer nos souvenirs communs. Franchement, il ne me répondait qu’en poésie, en proverbe, en maximes dont certaines étaient de sa composition et rayonnait directement de culture et de beauté linguistique. Il me dit entre autres, que sa santé lui permettait quelques fois de sortir en voiture, mais la vie va vite et tout le monde grandit. Il était aussi un grand poète populaire, très connu dans les sphères de la culture et surtout quand il prit la description de presque toutes les villes de la Tunisie, voyageant de région en région, dans un très beau parcours descriptif et poétique. Il était aussi souvent invité par la radio pour la lecture de ses œuvres et l’échauffement des esprits. A un moment, il s’intéressa à la médication traditionnelle par les herbes et divers procédés sans tombés dans les potions magiques ou la sorcellerie. Il avait toutefois, une certaine clientèle sans que l’on entende de réclamations. Un jour, une jeune femme Allemande, ayant fait une grande expérience au Japon, lui avait été présenté par un cinéaste de la région qui avait pris Razzag et Boughmiga dans ses lentilles….mais comme toujours, le hasard des choses, fait que ce sont les rencontres spontanées, les actions naturelles, qui prédominent et insufflent leurs messages merveilleux. Dans une chambre fermée, cette Dame, avait placé sa caméra entre les deux orteils de ces deux chamans, Razzag et Boughmiga, qui adossés au mur à même le sol répondaient à chacune de ses questions, mais bien sur, le chaman traditionnel et le magicien de l’esprit ne pouvaient dire la même chose. Une séance de deux heures au moins fut enregistrée où Razzag parlait de traitement par les herbes, par le saint Coran, par les recettes alimentaires, pendant que Boughmiga, y allait par l’écoute, le transfert, la persuasion, l’influence, l’accompagnement, le self-estim., ….procédé qui dans les rares cas de traitement à l’amiable, avait réussi à cent pour cent. Comme toujours, on se faisait avoir à tout les coups par tout le monde et tout les chasseurs de l’insolite, nous n’avions pas demandé une copie de la séance, mais heureusement, Razzag et Boughmiga sont toujours là. Respect et gratitude à Si Abderrazzak Essafi, que Dieu prenne soin de sa santé et son bonheur. Lihidheb Mohsen 04.10.17

mardi 3 octobre 2017

Le dernier souffle de sagesse.

Il vient de nous quitter, au gré du vent, avec le temps, le dernier souffle de sagesse commune, acquise à travers les âges, par les diverses intégrations des valeurs locales et de la religion, par l’acceptation de tout ce qui vient d’ailleurs tout en restant authentique grand comme la montagne, par des compromis sans compromissions et par l’action non stop au dessus de la mer et de la terre…. Tout en négligeant le spécisme homme femme, le linéaire patriarcal et réducteur, redonnant à la sagesse son véritable souffle de vie, humain et eternel, c’était une brave qui vient de nous quitter, après une courte période de souffrance et de sénilité. Rgaya Jouini Msallem, épouse d’Abdeslam Msallem, d’une famille modeste de l’oasis maritime de Souihel, était la dernière des vieilles femmes qui s’affirmaient dans une société d’homme, dans un matriarcat de fait au milieu d’un comportemental collectif rural et traditionnel. La vie n’était pas facile, car il fallait composer avec ce qu’offrait la terre dans un climat aride et les possibilités d’exploitation de la mer toute proche. L’oasis était aussi à la rescousse pour subvenir aux besoins des locaux et entre la culture du sorgho et la cueillette des dates pour les hommes et le bétail, il y avait beaucoup à faire. Bien sur, ces éléments de survivance limite, avaient aussi attiré des réfugiés politiques et économiques Libyens ainsi que plusieurs familles de l’intérieur désertique poussées par la sécheresse et la pauvreté. Ici, il faudrait souligner que les habitants de la région, Accara, avaient une relation particulière avec les tribus de Tataouine, qui était normale ou presque avec les tribus Toizines de Bengardane et très modeste avec les Ouderna de Médenine. Des convois de chameaux chargés de dates allaient chaque saison vers l’ouest et le bétail des Jlidett venait aussi passer la période de l’été pour se rafraichir dans l’oasis maritime. Dans cette ambiance, Si Abdeslam, comme touts les autres, allait aussi aux éponges aux prairies fertiles des fonds marins de iles Kerkennah et quelques fois, avec la grande famille, allait au labour et le moisson sur le littoral de la Choucha. Il n y avait pas de riche dans cette petite communauté et les rares féodaux s’étaient convertis automatiquement en Cheikhs, notaires ou parmi les notables. Toutefois, par prédisposition morale et aussi à cause de sa proximité à la mosquée du quartier, il joua un rôle très important de piété et de bonne conduite, sans zèle ni sauts d’humeurs. Les valeurs communes étaient parvenues à un haut niveau de maturité où la fusion entre le religieux, l’éthique et l’action, était totale, ce qui permit une sorte de sagesse acquise, légitime et intégrée. On ne parlait pas de foi, mais on pratiquait ses croyances partout, faisant les prières, sur les lieux de travail même, sur le bateau, dans les pâturages, aux lieux de la moisson….dans une sorte d’action automatique qui évite de parler et de prêcher ce que tout le monde sait, le bien et le mal. Dans ce contexte, Béchir Msallem, le fils ainé de Rgaya, raconta comment une femme étrangère de l’intérieur du pays, était venu voir sa mère dans sa hutte à faire la cuisine du soir, déclarant que ces enfants n’avaient pas mangé depuis deux jours et comment Rgaya, sans hésiter avait versé tout le repas de couscous dans le drap de la femme et lui souffla de ne rien dire et rentrer avec auprès de ses enfants. Grâce à une vie de confiance, d’humilité et sagesse réciproque, il lui avait suffit de dire à son mari Si Abdeslam et toute la famille, que malheureusement le repas s’était renversé par terre accidentellement, ce que tout le monde avait accepté humblement. « Allaghaleb, Maktebich, Ya Si Abdesslem » était une formule suffisante à cet acte de solidarité et de bon voisinage. Tout en saluant très fort ce genre d’attitudes naturelles, foncièrement conviviales et humaines, on ne peut décrire assez le milieu de vie de Rgaya, pour comprendre les caresses de ce dernier souffle de sagesse. Elle était la fille de la fameuse Nehya Lihidheb et avait un fameux beau frère, le mari de l’une de ses trois sœurs, appelé O’mor Lassoued, très connu pour son caractère joyeux et souvent humoristique, au point d’être citer dans les petites histoires locales. Avec seulement de filles, sans garçon pour assurer la filiation linéaire familiale, ce qui était une situation particulière pour la mentalité féodale encore prédominante autrefois. Une fois, on l’avait surpris en train de haranguer son mulet quand il labourait la terre, en disant « Err, alaan oummalik issabaa. ». Ce qui voulait dire que puisque le terrain appartenait à la famille de Rgaya donc sans héritier male, il insultait poliment les sept ayant droit soit, les trois filles, leurs trois maris dont lui-même et la mére Néhya, par équité peut être. Une autre fois, il travaillait à la pêche aux éponges en tant que rameur, avec plusieurs du village, et ils devaient aller vers les mers de Sfax ou celles de Tripoli, pour trouver des fonds marins exploitables. Comme toujours les mers de la Lybie, étaient sous exploitées et les Accara, faisaient souvent des incursions de travail jusqu’à Zouara, Zawia, Tripoli…mais cette fois, ils furent appréhendés par la douane de Zouara et mis carrément en prison. A plusieurs dans la même cellule, chacun parlait de ses préoccupations et souffrait visiblement cette entrave à la liberté et cet empêchement majeur, pendant que Si O’mor, qui n’avait pas laisser grand-chose dehors, qui n’avait que des filles mariés hors de sa responsabilité, ne faisait qu’aller et venir dans la cellule, en souriant et en soupesant la porte en disant « Malla Beb, Malla Blenz ». Quelle porte, comme elle est blindée, quelle serrure come elle est forte, des remarques que ses Co détenus avaient pris comme une provocation sympathique en face de leurs inquiétudes majeures. Ainsi, pour la mémoire de Rgaya, décédée dernièrement, de Si Abdesslem, de Si O’mor, paix à leurs âmes, ces vecteurs véridiques d’une sagesse acquise, ces porteurs de valeurs ancestrales et d’une éthique de vie visiblement stoïque mais très juste, on ne peut que comprendre l’engagement humain et irrévocable de leurs descendants, Si Béchir Msallem et Slah Mzalouat. Un dernier souffle de sagesse, peut être, mais la vie continuera quand même,avec touts le vents et les tourbillons du monde. Lihidheb Mohsen Zarzis 01.10.17

samedi 19 août 2017

Les vénérables concitoyens.

Il faut dire que malgré le faible taux de racisme, l’étouffement des différences de celui-ci dans la convivialité naturelle, le dépassement des couleurs physiques par l’accentuation sur la morale et l’équitable utilité sociale….les concitoyens de couleurs, étaient quand même dirigés implicitement vers les services et le plafond des rôles moyens. Il y avait bien des musiciens, des circonciseurs, des femmes marieuses, des cuisiniers des grandes occasions, des combattants, des fellahs, des marins, des muezzins, des charbonniers….mais comme toujours, une personne pouvait faire deux ou trois travails selon les saisons, les circonstances et les occasions. Ce plafond légèrement en dessous de celui convenu pour les autres et qui pouvait paradoxalement s’avérer avantageux et libérateur…versait aussi dans le secteur de la coiffure…surtout pour les jeunes dont certains avaient commencé à la capitale Tunis, qui était une tête de pont pour l’émigration naissante. Cette fois, Si Messaoud Abdou, grande figure des années soixante dix, coiffeur moderne, était revenu, comme tant d’autres, appelé par le tourisme naissant et le boom des services à Zarzis Djerba. Si Messaoud Abdou, Merimi, Ouriemmi, avait commencé son travail de coiffeur dans le premier grand hôtel de la région, pour sortir ensuite et ouvrir un petit salon juste devant l’établissement touristique. Avec beaucoup de nouveautés, les grands miroirs dans lesquels on se voyait presque pour la premiére fois, avec la coupe espagnole, avec les brillantines, les gels, les épilations au fil, le séchoir, le lavage et essorage de la tête carrément, les frictions des oreilles jusqu’au cou, les coups de ciseaux dans le vide à chaque coupure des cheveux, les pulvérisateurs magiques des parfums, l’indispensable pierre d’alun « cheb » après rasage, la petite meule murale pour aiguiser les lames, quelques photos de célébrités d’autrefois, Hached, Chaker, Bourguiba, Nasser, Kadafi, une gravure de Sidna Ali avec la tête de l’ogre, une carte du monde arabe….et comme toujours une clientèle dans une attente joyeuse. L’endroit du salon de coiffure de Si Messaoud Abdou, était aussi culturel et les débats, sans beaucoup de sérieux, étaient pleins de taquineries et de complaisances. Auprès de Si Jilani Bouali Baaroun, son prédécesseur, la carte du monde arabe était concentrée sur le moyen orient, avec la concentration sioniste encore embryonnaire, au milieu, en bleu, qu’il signalait avec amertume, dénonçant les pays limitrophes et leur passivité. Une prédication, un constat précoce, qui, sans croire à la violence, avait couté très cher au monde depuis un demi-siècle. Si Messaoud Abdou, avait touts les jeunes pour son salon de coiffure moderne et sa position au milieu du village touristique. Avec son léger sourire permanent, sa sagesse, sa délicatesse, son humour fraternel et son humeur conviviale, il ne faisait rien pour attirer les gens car il était aussi bien, le centre culturel, l’attraction permanente et le lieu de rencontre de la majorité. D’une gentillesse extrême, il avait été seulement embrigadé par la confrérie des Ettijania, pendant ces dernières décennies pacifistes, à cause de son humilité et sa dévotion. Une affiliation sociale, qui à part un léger retrait pendant les vendredis et les occasions religieuses, n’avait pas affecté sa relation humaine et professionnelle avec les gens. Dans cette ambiance d’aisance économique relative, Si Messaoud, eut plusieurs enfants, dont Ali Ouriemmi, politique imminent de l’après révolution et Fethi, un grand moniteur des chemins de fer industrielles françaises. D’après lui, il aurait conduit un train de plusieurs milliers de tonnes de carburants à travers l’hexagone et participa directement à la formation des jeunes pilotes de la voix ferrée. Grâce à l’éducation de Si Messaoud, ses enfants réussirent dans la vie et constitue à tout le monde, une bonne référence de piété et de sagesse. Lihidheb Mohsen 19.08.17

dimanche 13 août 2017

Reconstruction du Bordj, de Zarzis.

Suite à l’invitation de l’association de sauvegarde du patrimoine de Zarzis, Si Mohamed Noureddine Dhouib, ingénieur chevronné travaillant à Tunis, avait présenté un projet conceptuel et technique, visant à la reconstruction du Bordj de Zarzis, détruit dés l’indépendance dans des circonstances douteuses et sous des prétextes ridicules. Construit aux alentours de 1770, par Ali Bey, ce petit fort à pont levis et des miradors dans les coins, perché sur un monticule de pierre, au milieu de l’oasis, avec aussi un puits à l’intérieur pour assurer l’alimentation en eau en cas de siège…et résister aux razzias des tributs Nouayels de la Lybie, participa à l’installation progressive des habitants et la création d’un petit centre d’échanges et de convivialité. Entouré de cinq ksars de plaine en bord de mer, phénomène unique dans la région, il y avait aussi une ruelle totalement ombragée d’arbre et complètement couverte par une végétation touffue, plusieurs marabouts signalant aussi certains sages des tribus, des km et des km de haies de cactus fleuris ou fruités….qui avaient été, détruits méthodiquement, à la hache de l’ignorance, à la dynamite de la bêtise et aux niveleurs du nouvel conseil municipal. D’après Si Dhouib, le rôle du délégué et son gouverneur, était radical soi disant dans le sens d’éradiquer tout ce qui est ancien et la ville perdit ainsi, une grande partie de sa mémoire. Voilà donc, une belle initiative, visiblement sérieuse, pour la reconstruction du Bordj, au jardin de la délégation et pourquoi pas, la reconstruction de l’un des cinq ksars de cet oasis maritime gigantesque. L’association du patrimoine, s’engagea à entreprendre les démarches préliminaires, le suivi du projet et son exécution, pendant que Si Mohamed Noureddine Dhouib, confirma sa disponibilité à cet effet et sa position privilégiée à Tunis pour les contacts de rigueur avec les différents ministères. Une bonne initiative, qui pourrait être suivi par d’autres, capable de reprendre la mémoire collective de l’oubli, au service de la culture, du tourisme et l’histoire. Avec la satisfaction collective pour cette orientation, les anciens de la région, Si Nourridine Sraieb, Si Abdelmajid Dhouib, Si Abed Bouhafa, Si Béchir Nebhani….et d’autres, pourraient dormir en paix, car leurs souhaits seraient exhaussés, Inchallah. Lihidheb Mohsen 13.08.17

Hommages à la femme.

Au bord de la mer, à la mémoire, La fête de la mère, ce jour même, Rim rame à la dérive, des olives, Pour atteindre l’ultime gloire. Ils sont plusieurs enfants, Avec des difficultés naturelles, Et des besoins d’assistance pressants, Qu’elle couve sous ses ailes. Rim avait trop à faire, De gestion de l’association, De stage et de formations, Et des thérapies longues et sévères. Il faut voir comment une femme, Se démène, dans un monde masculin, Se bat, s’escrime en grande Dame, Pour de meilleurs lendemains. En tant qu’une femme, en tant qu’une maman, En tant que militante de l’humain, En tant qu’assistante dans les soins, On lui resterait toujours reconnaissant. Ainsi, aujourd’hui, journée de la femme, mère, Avec du respect et de la reconnaissance, Elle eut droit à un certificat, En tant que meilleure femme du Djeffara. Malgré qu’elles restent toutes les mêmes partout, Les femmes rurales et les autres actives, Rim, remplie la vie associative Et s’occupe des enfants jusqu’au bout. Lihidheb Mohsen 13.08.17 En reconnaissance à Rim Labiadh, de l’association des autistes Zarzis, honorée par l’organisation Nabdh pour la paix et l’humanité.

lundi 31 juillet 2017

La Zoumita, encore une fois.

Encore une fois, pour toujours, la Zoumita reste sans détours l’amie de l’homme dans son parcours, à meubler le sud tunisien, dans son élan de créateur de richesses et de combattant pacifique vers l’avant. A base de farine d’orge, très pratique, simple, facilement concevable dans les jarres, les peaux de chèvres, les couffins de palmes…et n’ayant besoin que d’un peu d’eau et un soupçon d’huile d’olive pour en faire un granulé appétissant et consistant. Avec relativement peu de calories, la Zoumita, permettait une bonne satiété et calmait la faim pour une bonne période. Elle était la provision principale des pécheurs d’éponges qui devaient resté pendant des mois en mer, celle des fellahs laboureurs et moissonneurs qui devaient rester sur les champs pendant des semaines ou pour les militaires, parait il, qui avait opté pour l’usage de ce produit parmi les produits nutritionnels impérissables et utilitaires. On pouvait ne pas trop la tamiser pour avoir un met fort et riche en textures renforçant l’estomac et la digestion. Comestible surtout pendant la journée, le soir sauf nécessité, était toujours consacré au fameux couscous ou les fruits de la saison. D’après le témoignage de l’un des vieux jeunes encore attachés à cette période et narrateur infatigable, il aurait avec deux autres, passé l’un des mois de Ramadan, à travailler dur dans la moisson, à jeuner dans quarante degré de chaleur et ne vivre que sur la farine d’orge quelques fois sans huile d’olive. La Zoumita, était aussi leur seule provision quand ils allèrent pour le labour à la Choucha, où chaque groupe de familles, se ruaient sur les terres par le travail et l’occupation de fait. Pendant cette période, les autres ne pouvaient suivre le rythme infernal des Accara, habitants de Zarzis, dans le travail de la terre et de la mer, car ils travaillaient jour et nuit et se relayaient aussi à reprendre les bêtes, mulets et chameaux. D’ailleurs c’était bien eux qui plantèrent tout le sud en en de milliers de pieds d’oliviers, ce qui n’était pas facile, car il fallait le débroussaillage des terres, le labour, les trous, la plantation, l’irrigation à plusieurs reprises, le suivi… On dit toujours, que c’étaient les femmes des fellahs, qui avaient sur le dos, transportés les jarres pleines d’eau sur des kilomètres pour irriguer chaque plant d’olivier. Il faut dire, que ces gens intégrés à la terre et la mer, il suffit qu'il y ait une tempéte et ne peuvent travailler à la mer, allaient automatiquement à la terre, dans un cycle, permanent et productif. On attendant, Boughmiga, était très satisfait, quand les voisins du sud, avaient commencé à planter aussi des oliviers, en attendant qu’ils investissent plus dans les productions locales et le tremplin économique de la région. Jusqu’à maintenant, avec des oignons, avec du piment vert, avec des figues, avec du melon, avec des pastèques ou sans aucun accompagnant culinaire, Boughmiga, honore toujours ce met et se l’approprie, se l’incorpore, comme il s’assimile et assimile son passé, son présent et essaie d’aller à l’avant, pour la paix et l’humanité des hommes. Lihidheb Mohsen 31.07.17

mardi 11 juillet 2017

Le passage, rapide d'Idriss.

Le rapide passage d’Idriss. Au troisième jour de l’enterrement du petit et au cinquième de sa mort, Idriss, comme un ange de passage, comme un nuage volage, comme une fleur soufflée par le vent….parti, doucement, mais surement, dans les bras de son créateur et certainement vers des espaces meilleurs. Ainsi, Idriss Sassi Dakhli, né le 21 octobre 2016 à Djerba, anticipa sa vie, rapidement, en une courte durée, mais dans un grand parcours du combattant attaché à la vie. Dés le début, dans une clinique de Houmt Souk, les médecins avaient affirmé chez lui une particularité génétique, qui l’empêchait de se nourrir de la bouche et lui causait sporadiquement une fièvre capricieuse et des sueurs, l’obligeant à rester toujours dans la fraicheur et éviter les endroits chauds. Bien sur, avec la détermination de ses parents, et leur engagement naturel à réduire ses souffrances et à le sauver, son docteur, la clinique et l’hôpital de Djerba et celui de Zarzis, étaient serviables et très motivés. Devant le transporter à Tunis, chez un grand spécialiste de la région, il a fallut prendre l’avion, ce qui n’était pas facile pour un bébé à condition spécifique. Chaque fois, Idriss et ses parents, devaient habités chez un proche, dans l’hôpital pédiatrique, une clinique ou une maison de location. Cette navette s’effectua au moins six fois et les conditions étaient difficiles. Lors d’un retour, l’enfant avait signalé une haute fièvre et un état critique à l’aéroport de Tunis, ce qui nécessita le secours d’une ambulance et l’hospitalisation d’urgence dans une clinique couteuse, devant l’affolement de sa mère et l’inquiétude générale. Avec un diagnostic pessimiste, Idriss avait vécu avec cette situation, en se nourrissant par le nez et sous contrôle permanent de sa température et à chaque fois, sa maman lui posait des compresses fraiches sur le front et allégeait ses vêtements. Heureusement, quand sa mère devait reprendre le travail au moins pour répondre au long congé de maternité, une grand Dame, du bon peuple avait accepté de le prendre dans sa petite maternité familiale et fit de son mieux pour le nourrir et le prendre en charge contre un prix dérisoire par rapport à la tâche hautement délicate. Quand toutes les démarches, consultations et hospitalisations avait été faites, quand l’opération pour changer la nutrition d’Idriss par l’abdomen au lieu du gavage par le nez était très délicate et à grands risques, quand la condition du bébé ne pouvait supporter la chaleur, la moindre négligence ou une défaillance dans l’hygiène général, ses parents, optèrent pour une tentative en France où la médecine est incontestablement évoluée et up to date. Bien sur, les visas du père, de la mer et d’Idriss, ne nécessitaient pas le voyage de ce dernier vers l’ambassade à Tunis, mais toute la famille de Boughmiga s’était mobilisée pour garder Idriss pendant l’absence de ses parents. Il fallait surveiller la température, changer les vêtements, ingurgiter la nourriture avec une grosse seringue et garder une température acceptable dans la chambre, ce que fut fait difficilement. Toute fois, tout le monde était devenu très attaché à Idriss, qui commença à répondre aux paroles par des gloussements et de légers sourires. Le plus et ce que Boughmiga n’oublierait jamais, était quand il suivait rapidement avec le regard toute personne qui entrait dans sa chambre, dans une sorte de d’attente, de souhait ou de demande au secours, comme s’il attendait un secours qui arrivait enfin. Avec un cas de syndrome crisponie, diagnostiqué par les sommités médicales tunisiennes, sa mère ne pouvait accepter le fait accomplie et ne pouvait que s’accrocher à la vie, ce qui était pour elle une question de vie ou de mort et jusqu’au bout. On était tous content pour lui, espérant qu’il pourrait s’en sortir et faire ses opérations chirurgicales à Paris. Habitant chez un de ses parents dans la capitale des lumières, plusieurs péripéties et tergiversations, l’avaient amené à l’hospitalisation et sa prise en charge en de bonnes mains. Après deux semaines, sa mère devait rentrer impérativement au pays et son père continua courageusement l’accompagnement d’Idriss dans des conditions quelques fois difficiles. Il faut dire que les parents paternels, les parents maternels, les amis, les connaissances, les associations humanitaires, le staff médical….étaient tous merveilleux et d’une grande assistance humanitaire. Ce n’était que le mercredi cinq, très tôt le matin, qu’Idriss, quitta ce monde, après une grande opération chirurgicale deux en un ciblant le transfert de la nutrition du nez vers l’abdomen et une légère hernie. Malgré la réussite de l’opération, une crise cardiaque éclair, avait affaiblie l’enfant qui rendit l’âme dans la même soirée. Informé de bon matin, Boughmiga devait aller de Zarzis à Djerba, afin d’informer sa fille, la mère, du décès de son fils, ce qui n’était pas du tout facile, tant elle avait cru en sa guérison et dans l’après opération. Elle n’avait pas cessé de pleurer chaudement pendant tout le retour vers Zarzis, sous les yeux étonnés de son autre fils Mohamed Ali. Chez ses grands parents paternels, comme il se doit dans ce genre de circonstances, tout le monde accouru et des visites de condoléances eurent lieu, que ce soit des voisins, des connaissances, des collègues de travail. Vu son âge, il n y a pas eu de cérémonie réligieuse, mais tout s’est passé dans la piété et le respect à la mort. Grâce à l’ex président Bourguiba, que tout le monde citait avec reconnaissance, les corps des tunisiens décédés à l’étranger, étaient rapatriés gratuitement en Tunisie et les autorités consulaires prenaient en charge tout le rituel, purification, mise en caisse, transport, livraison à la famille, dans de bonnes conditions et dans le respect des rites religieux. C’est ce qui avait été fait et le cercueil était venu par avion et remis par une ambulance à la famille. Tout le monde était inquiet, car la mère devait passer la nuit dans la même chambre que le défunt, un acte pénible et douloureux mais il parait que l’état du cercueil et le soin extrême dont fut l’objet l’enfant, avait réconforté la maman et confirma sa confiance dans l’humanité et la dignité lors de la mort de son fils. Le matin, quand on avait découvert le bois pour voir Idriss, et le montrer à sa mère, il était très beau, comme un ange, dans un sommeil satisfait et une attitude d’acceptation totale et de soumission à la volonté de Dieu. Un aperçu, qui réconforta tout le monde, avec des larmes dans les yeux de chacun, des larmes de douleur et de bonheur en même temps. Heureusement, que le frère d’Idriss, Mohamed Ali, quatre ans, dormait à l’arrivée du cercueil et dormait encore quand il partit vers le cimetière, car ça aurait été difficile et triste. Tout le monde avait fait jusqu'au bout ses possibilités humaines, sa mère, son père, ses parents, les médecins, les garderies, les hôpitaux, les cliniques, l’ambassade…et les autres. Toutefois, hypnotisé par le sourire d’Idriss et surtout le fait de tendre à chaque fois son cou à la cherche de qui entrait dans sa chambre, dans un geste d’espoir comme s’il attendait quelque chose, une délivrance, une issu….Boughmiga implore Dieu, pour qu’il réponde à cette quête et l’accepte dans les espaces infinis de la vie. Voilà, un parcours de vie court, mais intense, mais une question fondamentale, qui malgré la quiétude des croyances religieuses, demande encore du réconfort. Lihidheb Mohsen 10.07.17

dimanche 9 juillet 2017

Zarzis, les tapis avant la mosquée, pourquoi pas !!

Sur la base du scepticisme précoce au sujet de la rentabilité économique d’une ligne de passagers entre l’Europe et Zarzis, comme si la rationalité étouffe toute initiative aux résultats vraisemblables, voilà, la réussite spectaculaire, populaire et populiste, du débarquement de deux milles personnes et six cents voitures, qui dément les réserves pratiques et les inquiétudes conceptuelles. Grâce à une série de pressions associatives à partir de Zarzis, mais aussi à partir de Paris, le dragage et l’aménagement du port avaient eu lieu, pour recevoir ce premier grand bateau inter continental. Un voyage, un peu expérimental et de référence, pourrait faire l’objet de plusieurs lectures afin de réussir les prochains et la conversion parallèle d’avec le transport commercial et industriel. Pour cela, on va devoir, dans le cadre d’une vision globale sur l’histoire contemporaine de la région, relever certains points et en faire un début pour une meilleure compréhension de la situation et en assurer la continuité. - Zarzis, avec un port de pêche, un port commercial, une zone France, une infrastructure portuaire et touristique adéquate et un élan d’accueil et d’hospitalité légendaire, était une réponse directe en vases communicants, au flux de personnes des deux cotés de la mer et aux croisières touristiques. - En réponse au bateau de 1907, Aam El Gareb, qui était un souvenir douloureux et tragique, voilà, le bateau de 2017, qui illumine la région et ouvre les portes d’un monde meilleur. - Malgré les réserves sur le prix du voyage, un surbooking avait été observé et tout le monde avait accepté de payer plus, juste pour honorer cette poignée de main entre le nord et le sud, loin au dessus de l’utilitarisme mécanique et exténuant. D’ailleurs, les émigrés en France particulièrement, avaient gardé leur particularité intellectuelle et culturelle du sud est, voir, la solidarité, l’éthique de vie et l’assimilation des valeurs humaines. Une hausse des prix du voyage due aux frais du carburant pour le bateau vide pendant le retour. - Une mobilisation historique avait été constaté des deux coté, chez les émigrés, avec un amour passionné et identitaire, voir éthique, au bled…et en réponse naturelle à l’appel automatique d’une infrastructure d’accueil adéquate, et chez les gens du sud, qui se précipitèrent à l’accueil du bateau et ses passagers. Ils seraient vingt milles à fêter l’occasion par des feux d’artifices, des clacksons, des lumières, des sirènes de bateaux, des faisceaux lumineux antiaériens et de festivités….une occasion historique de manifester sa joie et de s’affirmer, au Delas du goulot d’étranglement centrifuge et la mainmise de certaines pratiques de racket. - Aussi aventurier et expérimental était il, le voyage, avec un peu de retard compréhensible, au départ de Marseille et à l’arrivée à Zarzis, était très réussi dans une ambiance conviviale et une cohabitation exemplaires. Avec au moins un millier d’enfants, tout le monde avait bien passé le voyage sans incidents ni contres pieds. Heureusement, la mer était calme et la vision exemplaire, mais, il fallait s’assurer des fonds marins, surtout à l’entrée du port. - Dans le port, l’accueil était festif et au niveau de l’événement historique de rencontre directe, entre le nord et le sud, les retrouvailles des enfants du sud, la fusion de cultures et la confraternité des peuples. Les services étaient idéals et la douane étonnante de professionnalisme et d’équité. Il n y a pas eu le moindre problème à touts les niveaux que ce soit pour le passage, la débarquement, le contrôle, l’accueil officiel ou l’extase populaire. - Aussi importante que le reste, la déclaration inespérée du premier ministre, de permettre le retour à la fin aout et la promesse d’une navette chaque quinzaine à l’été prochain, était complémentaire et pourrait faire l’objet relai pour la durabilité de service et un élan capital vers une exploitation optimale de ce créneau promettant pour les passagers et le commerce. - Les retombés de la déclarations des officiels, pourrait résorber le cout du voyage et réduire la taxe de carburant du retour « fictif » et rendre les tickets abordables et rentables pour une grande partie des voyageurs - Une expérience, dont les seuls défauts étaient principalement, le cout et le temps, qui pourrait réduire ses écarts légers et pourrait aussi, constituer une alternative directe au centralisme réducteur du port de la capitale. Une décentralisation effective, grâce à la disponibilité manifeste du service, à la volonté des peuples et aussi grâce à l’enrichissement du tissu social et économique du pays. - Devenu à caractères, touristique, agricole, industrielle, de services maritimes et pétroliers…et avec cette ouverture majeure sur le monde, Zarzis, pourrait faire, pour de vrai cette fois, l’objet d’un pole économique à grande dimension et dépassant même le bassin méditerranéen. - Pour répondre au scepticisme légitime et aux réserves faciles, en disant que c’était des tapis avant la construction de la mosquée, on ne peut que saluer cette situation tremplin, car la foi, avait commencé par des prières collectives sur des terrains vagues au milieu d’une zone délimitée par des pierres à même le sol, ce qui affirme le cas échant, que le fait d’inverser la conception habituelle, serait largement bénéfique et à partir de la terre ferme, de la réalité, certes favorable, on pourrait assurer un essor fulgurant à cette région. - Certainement, chaque début à des difficultés, mais apparemment, le volonté des uns et des autres est irréversibles, car les émigrés, les associations locales, les autorités et les responsables portuaires, sont déterminés à réussir cet essor collectif. Ainsi, la nature fait bien les choses, la vie n’aime pas le vide et comme dans les vases communicants, les eaux s’interpellent, les idées fusionnent et les intérêts conjoignent, au dessus du fatalisme et les esprits plats. Le moment, est désormais opportun, à soutenir cet élan collectif, pour le bonheur du pays et pour un monde meilleur. Zarzis, dorénavant, avec cette ligne maritime, serait effectivement, un pole économique et humain, pour tout le sud Tunisien. Lihidheb Mohsen 09.07.17

mardi 4 juillet 2017

Zarzis, l’année du bateau القارب عام

Comme le drame du bateau de 1907, Aam El Gareb, avait fait une cinquantaine de victimes, un drame majeur dans une société de paysans et de marins réquisitionnés arbitrairement par les agents du protectorat, le bateau de 2017, serait certainement, ferait certainement une explosion de fleurs de bonheurs, un plein de paix et de civilisation, un plus qualitatif et quantitatif aux valeurs locales… Comme celle d’autrefois, était devenu une date tampon dans l’oralité de la société traditionnelle, celle d’aujourd’hui, serait le bateau tampon aussi, de l’avant et l’après, pour se débarrasser une fois pour toute des médiocrités des uns et des autres, transférer le know how et fusionner les valeurs citoyennes avec la sagesse locale. Le bateau de 2017, serait une date, dans les temps modernes, un catalyseur et un tremplin collectif pour un monde meilleur. En réponse à la solidarité et la paix locales, les arrivants, fils et filles de la région, apporteront sans doute des compléments qualitatifs en matière de citoyenneté, de propreté et de paix. Pour une fois, une confrontation historique directe, entre ce qui avait été investi à l’étranger et ce qui en revient au dessus de la consommation et du formalisme, serait visible à l’œil nue. Bien sur, apporter une idée, serait plus importante qu’apporter une voiture, apporter des grains productifs, serait mieux qu’un engin consommateur, apporter un tracteur créateur de richesses, serait magnifique comme dans les années quatre vingt… A cette occasion historique, bienvenu, à nos concitoyens et les autres et que cette arrivée, serait la porte à une ère nouvelle, de travail, de progrès et de modernité. Lihidheb Mohsen 05.07.17 El Gareb C’était sur les plages de Choucha, Un grand Loud échoua, Transportant armes et munitions En contrebande vers l’orient. C’était de la poudre à canons, Fournie par les Ottomans, Pour les arabes résistants, Contre l’Italien conquérant. Le Makhzen accouru alors, Réquisitionnant les cavaliers, Les moissonneurs et chameliers, Pour l’arraisonner et monter à bord. Mais le capitaine Turc résista, Et refusa toute reddition, Voulant partir sans conditions, Et implosa le bateau qui sauta. Des centaines de corps volèrent, Et la mer devint rouge de sang et de feu Les cormorans blancs se turent, Pour que le ciel redevienne bleu. Et cet évènement fait date à ce jour, Dans la mémoire collective Dans les contes et les archives, Un Turc, le Makhzen et des morts. Lihidheb Mohsen 20.05.04

samedi 1 juillet 2017

Gommage et flottaison

Dans le tissu traditionnel de la société paysanne, oasienne, subsistant de la pêche artisanale et côtière, cultivant les quelques oliviers adaptables au climat aride, profitant de la moindre humidité marine et œuvrant simultanément sur tous les éléments de la survie…, il y avait toujours des mouvements, des changements, aussi lents étaient ils, des inters pénétrations, des opportunités promotionnelles, des infiltrations de consommation totale , des exfiltrations de main d’œuvre à travers le tourisme, des courants d’acculturation et de déformation provenant du nord et du sud aussi, des fusions de classes sociales réduisant une périphérie de gens serviles et existants au tour de chaque grande famille….qui malaxèrent et pétrirent le paysage dans un mouvement peu naturel et peu éthique. Quand le tourisme utilisait les puits de surface du village pour ses constructions et transplantait les puits artésiens des sorghos, palmiers et légumes, pour en faire des piscines d’eaux thermales et les verser à la mer en courant continu, et par conséquent laisser l’oasis au béton et au sable du désert, quand la scolarisation était largement affectée par le tourisme et seule les filles continuèrent leurs études, quand à vue d’œil, des peaux de moutons, des bottes de laines, des wazra des vieux, gisaient pitoyablement dans les poubelles nauséabondes, quand les surfaces autours des maisons étaient terrassés en béton et on ne peut voir sur une dizaine de kilomètre le moindre carré de verdure, quand la terre était infestée de fausse septiques en contact régulier par le sous sol avec la mer, quand les robinets de l’extérieur n’étaient plus fonctionnels et utiles et les oiseaux s’essoufflaient de soif pendant les grande chaleurs….une situation que Boughmiga ne cesse de répéter, fixée, ancrée dans son esprit comme du béton, en attendant une prise de conscience qui tarde malheureusement à venir. Sur ce tapis traditionnel, sur ce tissu de milliers de fils en couleurs locales, il y avait des mouvements divers et quelques fois paradoxalement pervers. Pendant la guerre pour l’évacuation des jeunes susceptibles de faire l’affaire des militaristes de l’autre coté, avaient été convoyé et présentés habillés en rouge dans les vignobles de Bizerte et faire une bonne cible à l’aviation et les tireurs d’élite. Ceux qui étaient revenu de cette compagne suspecte, était fortement désaxés mentalement et toutes les villes du sud connaissaient ces victimes. Le tourisme dans ces débuts, avait rapatrié des centaines de cadres de Tunis pour son personnel en restauration et plusieurs services, dont plusieurs, reprirent le chemin de l’émigration à l’étranger, déjà en vogue dans les années soixante cinq. Les chantiers populaires avaient employé des centaines de vieux chômeurs contre trois livres de farine et deux cents cinquante millimes payés à la semaine. C’était d’ailleurs eux qui avaient réformé plusieurs régions agricoles qui sont maintenant des champs de milliers d’oliviers. Des hordes de jeunes des familles pauvres dont Boughmiga avait été pris en charge par la société de bienfaisance islamique « El Khayria » pour ne revenir au village qu’à la fin de la semaine, épargnant ainsi aux familles les charges de leur nourriture et entretien. Des pêcheurs d’éponges laissaient de plus en plus leurs grandes sorties vers les iles de Kerkennah et se convertissaient à la pêche côtière du poisson ou l’émigration en Europe. Des jeunes avaient été recrutés pour leur force physique afin d’aller dans un pays germanique où ils ne réussirent guère tant le devoir d’intégration était presque obligatoire et ceux qui en revinrent presque tous étaient des malades mentaux ou des inadaptés sociaux. Il y avait aussi ceux qui firent un pays au milieu des Alpes et furent complètement transformé et en profondeur, au point de les voir au pays, comme des règles plates marchant dans les rues et ne répondant aux gens qu’au bout des lèvres et ayant perdu à jamais leur vivacité et leur humeur d’autrefois. Pendant que ceux qui revenaient de la guéguerre ou ceux qui revenaient des pays non francophones, étaient très déséquilibrés et même leur vie conjugale était instable, ceux qui allèrent travailler au pays de Molière, résistèrent culturellement par la vie en ghettos nostalgiques à la vie traditionnelle du pays d’origine. Cette attitude de résistance et de démarcation, était aussi celle que les peuples avaient adoptée pendant le colonialisme et l’hégémonie occidentale avant de garder ses propres valeurs et ses traditions unanimistes. Bien sur, ces derniers, était resté relativement saints de corps et d’esprits, malgré les effets négatifs de cette singularité sur l’éducation des enfants et leurs avenirs dans le pays d’accueil. Il est possible, que cette attitude de claustromanie sociale à l’étranger, répondrait implicitement à l’auréole de flottaison comportementale et conceptuelle qu’entreprend la société au bled, en plein dans la foi, à distance de toutes les nouveautés et avec des tentacules fouineurs dans les sphères de la vie environnante. Souvent, ce phénomène de gommage et d’auto gommage, arrivait quand un jeune homme adhérait à une confrérie pacifique, au point de laisser un trou comme la mort, palpable et visible des autres. Un problème qui arrivait dans certains mariage où des personnes changeaient radicalement de vie et se transformaient vers le coté négatif. Ces cas aussi minimes étaient ils, existaient aussi chez les hautement éduqués au point de perdre les amarres avec la famille et les relatifs en général, pour se consacrer entièrement à leur carrière scientifique ou académique. Un dilemme, que certains pères de familles, contre carraient par le fait de ne point permettre l’éducation de tout les enfants et laisser un d’entre eux à la porté et à la maison pour des travaux domestique et aussi pour entretenir ses parents pendant leur vieillesse. Malheureusement, comme la flottaison reste une sorte de fondamentalisme global, la radicalisation dans la foi et l’instrumentalisation de la religion par les uns et les autres, à partir de textes sacrés mal interprétés, ou de fausses présomptions et de diabolisations, reste aussi la cause d’un retrait manifeste de la vie commune et de l’unanimisme, confortable et régulateur. Foncièrement et éthiquement, bien éduqué pour résister à toutes les formes d’extrémismes, on peut admettre que l’impact sur les jeunes était monumental et quelques uns prirent le chemin du gommage gommeur. Voilà donc, un gommage et une flottaison, sur un unanimisme confortable et tentaculaire, qui de la pointe de ses huit membres, repousse et attire simultanément et en fonction des péripéties, le monde environnant et la civilisation humaine. Lihidheb Mohsen Zarzis 01.07.17