mardi 31 octobre 2017

Drôles de boules à l'école.

Sur ce que fut l’école, la boule roule, quelques fois vers l’avant, d’autres fois en tournant à l’arrière, quelques fois en piquée, souvent en percutant, tant de fois à l’apnée, nez à nez avec le témoin…..pour s’en éloigner, éloigner….irrémédiablement. Ali, Salah, Fatah, Nouri, Tahar, Ahmed….lançaient à tout de rôle leurs boules à qui mieux, arriver à coté du but ou le percuter pour changer la donne. Sur la cour de l’ancienne école primaire, la foule s’animait avec des spectateurs stupéfaits devant ce nouveau jeu insolite et inconnu dans le village. Des élèves qui attendaient le bus de la navette faisaient aussi cohue et voulaient jouer pourquoi pas. Ils ont toutes les libertés possibles et imaginables et toutes les possibilités du savoir, à la portée de la main, de plein droit et la tête haute. Une situation, que nous n’avions pas, nous autres, élèves d’autrefois, de cette même école primaire délabrée, quand nous n’avions d’horizon, que le père de famille, l’instituteur, Dieu le grand et un futur qu’il fallait conquérir par l’éduction et le savoir, pour sortir de la pauvreté et les conditions humaines difficiles. Ce que les jeunes d’aujourd’hui ne vivent pas, rares étaient les moyens de connaissances et on ne tombait que rarement sur des livres ou des personnes capables de nous guider et renseigner. Sous le dictat patriarcal, l’intransigeance de l’école coranique, la possession de l’école, les bottes de la garde nationale, l’unanimisme de la société, la xénophobie des gens de la cité….on n’avait que le choix de se taire, subir et réussir. Marche ou crève, dirait on, dans le silence et le sourire de façade. Ces mêmes générations, qui ne regardent en train de jouer sur notre mémoire, de rouler le temps sur notre passé, de piquer sur les iniquités d’autre fois, de bousculer les fixations handicapantes…ne savent peut être pas, qu’à leur tour, ils subiront le même paradoxe et la même contrariété. Car, pendant que notre horizon était plein d’espoir, par le savoir et la réussite normale, celui d’aujourd’hui, est très incertain et la plupart escomptent émigrer ailleurs ou s’enrichir par touts les moyens et faire le coq dans la bassecour. Voila, l’école d’autrefois, désertée, vidée de sa consistance, avec un jeune palmier sauvage juste au centre de sa cour, comme pour répondre à l’adage « Takhla wtanbett fiha nakhla », qu’elle dégringole et un palmier monte dans son milieu. Bien sur, l’exemple reste pour la mentalité d’autrefois, quand l’approche écologique était absente et le palmier n’avait pas la valeur et le respect d’aujourd’hui. Ainsi, des concentrés en boules, roulent devant les yeux hagards des jeunes, redonnant un semblant de vie à cette école morte et son esprit de combat pour le devenir et la survie collective. Même si on pense que les boules ne sont pas des bombes à retardement, que les enfants ne sont pas de la chair à canon et l’esprit collectif ne tend pas vers la violence et la mentalité guerrière, on ne peut que pleurer, l’école de notre jeunesse avec son esprit batailleur et paisible. De petites écolières sortant de l’école, s’arrêtèrent pour voir ce spectacle étrange de vieils hommes en train de jouer comme des enfants et voulurent participer à la partie. Elles avaient beaucoup applaudis les piqués crépitant des boules…..de concentré….de vie……perdue. Lihidheb Mohsen Zarzis 31.10.17

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