samedi 10 février 2018

Portraits et sagesse 117

L’homme sans nom. Il y a des gens, qui n’ont pas besoin de nom, pour les identifier, les fixer, les mettre au poteau du pilori, les mettre en relief pour mieux les cibler, les cataloguer dans une caste, une tribu, une confrérie, un parti….et ce sont toujours ces bonnes gens qui colportent la conscience humaine et la sagesse collective. J’avais rencontré ce vénérable personnage il y a longtemps, pendant que je récoltais des bouteilles de la plage alors qu’il se reposait à l’ombre d’un palmier à contempler la mer et s’enivrer avec la vie. D’un air joyeux et extraverti, il était aussi un bon poète avec des poèmes récités par cœur dans la langue arabe parlée. Un peu mythomane avec des histoires d’apologie grotesque envers de grandes personnalités politique de la région, qu’il ne manquait pas de souligner par le geste ses tirades fantastiques. Depuis, chaque fois, que je le rencontrais pendant les jours de marché, même si je ne lui achetais rien, il aimait me retenir et me combler par ses poèmes et sa joie de vivre. Il vendait, sur une charrette, ambulant, des bricoles diverses et vivotait avec très satisfait. Cette fois, il me surprit encore pour son attitude insolite quand je lui avais demandé de me fournir un rouleau de cordelette pour mes pancartes éco artistiques à attacher sur les murs, en me déclarant avec un grand sourire sur le visage « tu peux courir mon ami, il y a deux choses que j’ai juré devant Dieu que je ne vendrais jamais même contre des millions, le rouleau de corde, qui risque d’être utilisé par les jeunes pour le suicide et le mort aux rats qui pourrait aussi être utilisé pour des meurtres d’animaux et autres. Je crains Dieu et aime la vie pour risquer de faire ou faire faire des atrocités ». Devant cette déclaration spontanée et très sincère, je n’ai pu cacher mon admiration pour cette personne, mais aussi pour touts les gens ordinaires, Ô combien honnêtes et humains. Dans ce même petit monde, un homme vendant aussi des bricoles à même le sol, m'avait déclaré tout bonnement " Dussé-je ramper sur mes genoux, s'il fallait aller faire du bien ". Lihidheb Mohsen 10.02.18

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