lundi 21 mai 2018

Portraits et sagesse 144

Belgacem Jlidi : Un grand technicien des télécommunications qui commença à Gafsa, Kasserine, Sidi Bouzid, Seliana pour finir dans la région de Tataouine, soit Borj Bourguiba, Kambout, Remada, Béni Mhira, Smar, Oued El Ghar, El Morra, Ghomrassen, Chenenni, Douiret, Guermassa, Maztouria…avant de retomber à Zarzis. Si Belgacem Jlidi, sillonna toutes ces régions en long et en large, dressant des lignes téléphoniques, réparant les fils et rétablissant les communications de borne en borne. Il faut dire que depuis longtemps, avant le protectorat, les relations téléphoniques puis télégraphiques étaient stratégiques et devaient être rétablies rapidement après chaque panne, chaque sabotage ou chaque orage dévastateur. J’avais connu pour la première fois Si Belgacem en 1976, dans la courette du bureau de poste colonial de Tataouine, pendant que je jouais à la guitare, sous le seul figuier. Il m’a rappelé comment je lui avais demandé de m’écouter, pendant qu’il était très fatigué et se précipita sur les quelques figues avant de s’affaler sous l’ombre de l’arbre. Il faut dire que pour moi, Boughmiga, jouer à la guitare sur le lieu de travail, avec des cheveux hirsute à la Hendrix, n’était aux dépends du service car l’installation était sonore et chaque appel était rapidement remarqué. Devant la fatigue et l’intensité du travail, Si Belgacem, n’avait pas beaucoup de temps, mais il était content de trouver quelqu’un de sa région Zarzis et discuter avec une personne peu ordinaire et intéressante. Il se rappelle encore le chauffeur très humble et sage Si Béchir Tachoua, Si Lazhar Boukraia, Si Fethi Azlouk qui était le facteur le plus important et plus réputé que le gouverneur ou le ministre par ses services de médiation entre les émigrés et leurs parents dans les ksars à Tataouine. On se rappelle encore de personnalités importantes de cette période, comme Hakim Mgadmini, Abdallah Azlouk, Abdallah Msallem, Mohamed Jlidi Dab, Nejah El Babour, Mokhtar Meguebli…et touts les restaurants de la petite ville d’autrefois. Depuis ce temps, sauf rares rencontres accidentelles à Zarzis, Si Belgacem Jlidi fit son chemin de techniciens et bossa très fort surtout pendant les années du téléphone fixe et l’apogée de prolifération des taxiphones. L’autre jour, au marché de Chkerbane, je l’avais rencontré par hasard et sur sa demande nous partîmes dans ma voiture pour voir sa propriété agricole qu’il venait d’acquérir après avoir vendu l’ancienne. Il m’avait véritablement impressionné par sa force de travail et surtout son application aux travaux agricoles et sa relation avec l’olivier et la terre en général. Dans la région agricole Solob, transformé par les hommes en la débroussaillant à la force des bras, il avait trouvé son chemin dans une zone revenant aux tribus de Ouled Bouali et Ouled Saïd. Entre les Mcharek, les Bouzommita, les Ben Saïd, les Miladi, les Kliche, les Khouildi…il se fraya son bonhomme de chemin en tant que Jlidi qui se fit une propriété parmi les autres. Il m’avait montré sa nouvelle maisonnette de compagne qu’il venait de construire sur le bord d’un champs à boiser de deux hectares et pour lequel il s’apprête à construire une citerne pour l’eau de pluie. A un moment de nos marches à travers champs, pour constater d’éventuelles traces de l’homme primitif, j’ai remarqué une certaine fatigue chez lui qu’il confirma par une faiblesse du cœur qu’il venait de traiter dernièrement. Boughmiga, moi-même, n’était pas moins bousillé que lui et son accident cérébral des dernières années sonne toujours le glas. Ecourtant notre sortie, malgré le bon climat nuageux et frais, il proposa notre passage à la ferme de l’une de ses connaissances, pas très loin. En effet, un champs d’oliviers d’une centaine de pieds, des rangs de plants de pastèques et melons, un four artisanal à même le sable pour transformer le bois des arbres en charbon, une maison, une citerne, un chien de garde et un fermier, Si Ahmed Ben Aouida, très gentil qui était un ami depuis longtemps mais perdu de vue. Il était fier de son champ et nous montra une tige de tournesol avec cinquante six fleurs, un record absolu, imbattable, surtout dans une région, Ejdaria, qui avait déjà eu le record de la plus grande pastèque de touts les temps. Le fermier nous avait invités à revenir après Ramadan, pour manger de la zoumita fait maison, orge, huile, oignons, et déguster les melons. Respect et encouragements aux bosseurs de touts les temps, à Si Ben Aouida et à Si Belgacem Jlidi. Lihidheb Mohsen 21.05.18

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